Avril 28 2024

Papeete étend son réseau de vidéoprotection

La Ville de Papeete poursuit le déploiement de son réseau de vidéoprotection. Déjà équipée de 26 caméras, la commune s’est dotée de 13 unités complémentaires de juillet à septembre 2021 pour un budget de 26 millions de francs. Un investissement financier important que Tavana Michel Buillard estime nécessaire : « Cela nous permet d’assurer une meilleure surveillance des rues les plus fréquentées, surtout au centre-ville. Vols dans les voitures, comportements inappropriés, ivresse sur la voie publique… On peut limiter ce type de déviances de jour comme de nuit grâce aux images des caméras. »


Il s’agit surtout de prévenir les cambriolages, le vandalisme et les agressions. « Nous déployons le système un peu en toile d’araignée. Ces nouvelles caméras sont situées dans l’hypercentre. Il y en a devant l’assemblée, deux dans le quartier du Commerce, sur le front de mer (devant l’OPT et la rue Jeanne-d’Arc), rue Charles-Clappier vers le Zizou bar, la gare maritime, la rue du Père-Collette et le collège Pomare IV. Des zones qu’on ne couvrait pas encore… », explique Roger Lamy, directeur de la police municipale.


Les contraintes sont nombreuses et l’on ne peut pas implanter une caméra n’importe où. Il faut en effet tenir compte de l’urbanisation, du paysage, de la capacité à se raccorder aux sources d’énergies, du foncier aussi… C’est pourquoi il faudra patienter encore un peu avant de pouvoir équiper l’avenue du Prince-Hinoi. À terme, l’équipe municipale souhaite pouvoir disposer d’une soixantaine de caméras.


Quasi totalité des caméras en fibre optique


C’est la société française Axians qui a remporté l’appel d’offres lancé en 2019. Elle assure la fourniture, l’installation et la configuration des matériels et des logiciels composant le système de vidéoprotection. « Il s’agit de caméras rotatives à 360° », précise Taureni Urima, responsable du système d’information et de communication de la Ville de Papeete. « Autrefois, nous fonctionnions avec le réseau hertzien et nous avions des soucis de brouillage de fréquences avec l’arrivée des paquebots de croisières. Malgré un coût plus important, nous avons choisi de passer la quasi-totalité de nos caméras en fibre optique, ce qui nous assure une meilleure fiabilité de transmission des images. »


La maintenance des matériels et des logiciels, prévue deux fois par an, est un élément important du système. Même si le matériel est robuste, résistant aux intempéries, à la chaleur et à la poussière de nuit comme de jour, il comporte néanmoins des composants électroniques et automatisés, relativement fragiles.


Pour les forces de l’ordre, la vidéoprotection est un outil efficace et dissuasif. Les interventions consécutives à des observations sur écran ont lieu la nuit à plus de 80 %, le plus souvent à la suite de tentatives de vols ou d’agressions. « C’est à ce moment-là que les comportements suspects apparaissent le plus fréquemment. Dans la journée, les caméras peuvent aider à identifier les responsables de dégradations de véhicules ou d’accidents, mais elles sont surtout très utiles le mercredi après-midi, lorsqu’il y a des attroupements de jeunes gens au centre-ville. Elles nous permettent d’anticiper certaines situations, de repérer rapidement les troubles à l’ordre public et d’orienter efficacement nos équipes », détaille Roger Lamy.


Enfin, que les administrés se rassurent : les caméras sont paramétrées pour être mobiles de manière automatique, et intègrent un dispositif de masquage dynamique des zones de vie privée, résume Taureni Urima : « Cela signifie que nous avons inclus des bandes de masquage qui limitent le champ de vision car certaines caméras se situent dans des lieux résidentiels. C’est un réglage qui limite l’accès des caméras aux habitations. »












Tavana Michel Buillard

« Prochaine étape l’avenue du Prince-Hinoi »



« Ces nouvelles caméras nous permettent d’assurer une couverture plus large des rues les plus fréquentées, surtout au centre-ville, ainsi que le repérage des contrevenants d’une rue à l’autre. Elles rendent également possible un meilleur traitement du problème du grand nombre de jeunes qui errent en ville le mercredi après-midi. Nous complétons cette surveillance par l’intervention des policiers sur le terrain. Demain, ils seront équipés de vélos à assistance électrique pour intervenir encore plus rapidement. Le prochain investissement de vidéoprotection concernera l’avenue du Prince-Hinoi, afin d’éviter les runs la nuit. Nous disposerons ainsi de moyens efficaces pour l’identification des fauteurs de trouble. »




Roger Lamy, directeur de la police municipale

« Travailler plus efficacement »



- Un usager peut-il solliciter l’accès aux images vidéo ?
Nous pouvons recevoir des signalements, mais, dans tous les cas, il est obligatoire de déposer plainte auprès de la direction de la sécurité publique (DSP), laquelle nous saisit pour une vérification des images et, si elles s’avèrent utiles, elle nous adresse une réquisition pour extraction d’images. Celles-ci sont conservées durant 30 jours maximum.

Comment se déroule la collaboration entre la police municipale et la DSP ?
Nos agents respectifs collaborent quotidiennement ensemble. Notre poste de commandement opérationnel actuel date de 2012. Et depuis 2014, la DSP dispose d’un déport de nos images. Cela nous permet de travailler plus efficacement.
À titre d’exemple, un samedi en début d’année, deux individus à vélo s’en sont pris à des volleyeurs sur la place To’ata, puis ils ont continué leur chemin sur l’esplanade basse. Grâce à la vidéoprotection, on les a retrouvés et identifiés rapidement puis ils ont été interpellés par nos deux brigades. Une autre fois, une jeune femme a subi un attouchement par un individu qui la suivait depuis Mamao jusqu’à la rue des Remparts. À la suite d’une réquisition d’images par la DSP, on a pu retrouver l’auteur de l’attouchement en l’identifiant très précisément grâce à la caméra.





Taureni Urima, responsable des système d’information et de communication

« Il fallait tout remettre à niveau »



- Quelles sont les contraintes techniques liées à l’extension du système ?

Le marché de la vidéoprotection a été lancé en 2019. Il fallait tout remettre à niveau car le précédent système était obsolète et plus du tout évolutif. La situation sanitaire de 2020 a causé d’importants retards. Il y a aussi la partie génie civil qui prend du temps : il faut creuser les tranchées pour installer la fibre optique, couler les dalles destinées à accueillir chaque potence et respecter les délais de séchage du béton. Nous avons réceptionné les potences à la fin du mois de mai et l’installation s’est déroulée entre les mois de juillet et septembre. Il y a plusieurs intervenants, avec leurs propres contraintes qu’il faut concilier, la commune, le prestataire et l’OPT, dont nous dépendons pour la fibre optique. Nous privilégions des lieux situés à proximité de ses chambres optiques afin de limiter les travaux de génie civil, qui sont très coûteux. Mais cela doit aussi convenir au lieu d’implantation souhaité par la police. On essaie de faire au mieux.

- Comment gérez-vous les pannes, la maintenance des caméras ?

On sollicite d’abord nos services techniques pour savoir si la panne est d’origine électrique. Si ce n’est pas le cas, on avertit le prestataire qui planifie son intervention en fonction de son planning et de la disponibilité de ses techniciens. Il nous faut ensuite prévoir l’occupation de la voie publique, l’utilisation d’une nacelle, etc. Cela peut prendre plusieurs jours… Avec notre prestataire, nous essayons d’avoir une maintenance rapide, mais s’il y a des pièces à remplacer, il peut y avoir des délais d’attente quand il faut les commander.